"Quatre fulgurants "Presto" - les trois premiers, dans des tons mineurs, tout incendiés de flammes pourpres et de grandes lueurs tragiques ; le quatrième [...] une île d'Ariel où les esprits de l'air [...] tourbillonnent comme un ballet de libellules... Le Poème de l'Air après les trois Poèmes du Feu" : c'est par ces mots splendides que le philosophe Vladimir Jankelevitch décrit les scherzos de Chopin, écrits entre 1831 et 1842.

Celui-ci inspirera un autre immense pianiste, Serge Rachmaninov, dont la 2e Sonate partage de nombreux traits avec la "Sonate funèbre" du compositeur polonais. Œuvre magnétique peignant les paysages, âmes et liturgies russes, nés d'un seul motif initial (les tourbillons du premier mouvement précédant la magnifique rêverie mélancolique du mouvement central et l'apothéose finale), elle sera donnée dans sa  version de 1931, épurée presque 20 ans plus tard par son auteur.